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Quand les robots auront des émotions

Darwin et l'évolution des robots

L'utilisation des émotions en intelligence artificielle pourrait avoir un intérêt à un autre niveau que celui d'agents isolés. Pour Michel Aubé, qui s'inspire notamment des travaux précurseurs de Darwin sur les émotions, si les mammifères et les oiseaux ont développé et conservé les émotions au fil du temps, c'est qu'elles jouent un rôle essentiel dans l'évolution des espèces qui en sont dotées.

Il y a des émotions, comme la peur, qui servent essentiellement à assurer la survie des individus. Mais d'autres émotions ont une fonction plus complexe : elles servent à tester et à renforcer l'engagement entre des indi­vidus. Par exemple, la joie qu'on ressent en rencontrant un ami sert à renforcer l'amitié; la honte motive une personne à ne plus poser de gestes qui menacent une relation; la colère est déclenchée parce qu'une personne a transgressé les règles sociales ou le cadre des relations interpersonnelles, et ainsi de suite.

Or, l'attachement et l'engagement encouragent les parents à élever leurs enfants longtemps, ce qui permet un plus long apprentissage et le développement d'une espèce plus complexe. L'engagement permet aussi la coopération, qui est une stratégie risquée, car on peut toujours «se faire avoir» dans une relation de coopération, mais qui est aussi la plus payante à long terme pour un groupe.

Michel Aubé croit que ces principes peuvent s'appliquer au domaine de l'intelligence artificielle, au sein de communautés d'agents virtuels. Comme chez les humains, les émotions pourraient servir à réguler les engagements entre des agents ou des robots, de telle sorte que la coopération émerge «naturellement» entre eux, ce qui les rendrait collectivement plus performants.